La pratique de la gravure
Les différentes étapes techniques d’un geste artisanal
Graveure en taille-douce
Pointe-sèche
La gravure est une pratique artistique qui se compose essentiellement en deux grandes parties : l’une consiste à graver une matrice et l’autre à l’imprimer pour obtenir une estampe.
Dans les différentes pratiques que recoupe la gravure (à savoir la taille d’épargne, la taille douce directe ou indirecte), j’ai choisi la technique de la pointe sèche.
Les différentes étapes
Gravure, encrage, papier, presse…
Graver la matrice
La pointe sèche est une pratique où on creuse directement dans la matrice (sans aide d'acide qui vient mordre la matrice comme pour les techniques de l'eau-forte ou de l'aquatinte). Contrairement au burin qui enlève la matière de la matrice ou le brunissoir qui vient écraser le grain formé par le berceau de la manière noire, la pointe sèche déplace la matière. Elle creuse des sillons, en créant des bourrelets, des barbes plus exactement.
Les outils de la pointe sèche
Avant d'être une technique de gravure, la pointe sèche est un outil. Avec sa mine généralement en acier, la pointe sèche s'utilise comme un stylo. Elle est l'outil le plus proche du tracé spontané du dessin. D'autres outils l'accompagnent notamment comme le grattoir qui permet d'estomper les barbes ou le brunissoir qui écrase les tailles. Une pierre à aiguiser est nécessaire pour bien affûter le tranchant l'outil sinon la pointe sèche, en s'émoussant, perd de son efficacité.
Le papier
Le papier amorce la deuxième phase de la gravure, celle plus relative à une pratique d'atelier, l'impression des estampes. Le papier utilisé doit être à la fois résistant et souple. Il est généralement en fibres végétales et pour une meilleure conservation doit être sans acides. Le grammage du papier a aussi son importance, il varie environ de 180 à 300 g/m2. Avant tout travail, il faut penser à tremper suffisamment longtemps le papier dans un bain d'eau afin que l'encre et toutes marques de gaufrage soient bien réceptionnés dans ses fibres. On dit alors que le papier est amoureux.
L'encrage
On utilise des encres adaptées à la pratique de la taille-douce.Ces dernières sont préalablement assouplies et malaxées avec une spatule sur un support en verre servant d'encrier. On recouvre entièrement la matrice gravée, en passant un rouleau dessus. En l'occurrence, ici, la matrice correspond à une plaque de photogravure.
L'essuyage
Avec une boule de tarlatane, on va essuyer la matrice délicatement en faisant des mouvements circulaires d'abord pour bien faire pénétrer l'encre dans les tailles, les sillons creusés. Ensuite on retire le surplus d'encre en le chassant vers l'extérieur pour ne garder ainsi que l'image gravée. Au fur et à mesure, on change de tarlatane, puis on passe au papier de soie pour enfin aller jusqu'au paumage de la plaque qui vient parfaire l'impression de la matrice, sans oublier de désendeuiller les bords avec un chiffon.
La presse
Une fois que la matrice est prête, on la pose sur le plateau de la presse. Et l'on vient poser dessus le papier légèrement humidifié, en faisant attention aux marges futures.
Le passage au rouleau
Le rouleau de la presse fait ensuite son travail. Sous la pression, l'encre passe de la matrice au papier. Elle devient une épreuve.
Le résultat
En soulevant délicatement le papier avec des mitaines, l'estampe apparaît. Il ne reste plus qu'à la faire sécher tranquillement entre des buvards.